Blog

Financement des PME en Afrique : il faut s’armer de courage !

Je suis un producteur laitier en Afrique, et j’ai besoin de 5 000 $ pour acheter des vaches – pas de problème ! Il y a des dizaines d’organismes de micro-financement prêts à m’aider et à me prêter de l’argent.

Je suis une grande entreprise en Afrique, et j’ai besoin de 10 millions de dollars américains pour construire une nouvelle usine de jus de fruits – pas de problème ! Les banques commerciales, les organismes multilatéraux et les banques internationales pour le développement se battront pour planifier des crédits à long terme pour mon projet.

Maintenant, je suis une petite ou moyenne entreprise (PME), probablement familiale, et j’ai besoin de 100 000 à 500 000 $ pour acheter des équipements, dans le but de transformer des céréales et oléagineux cultivés localement, pour l’alimentation humaine et animale. Rien à faire ! Allez-vous-en ! Je n’ai pas ma place dans la sphère financière africaine.

Et si je suis une jeune entreprise, même pas la peine de demander. Je suis un paria. Je n’aurais pas dû me permettre de créer une entreprise !

C’est une caricature – trop réaliste j’en ai peur – de la situation concernant le financement de projets en Afrique à ce jour.

Alors que les gens haut placés se retrouvent dans des hôtels 5 étoiles et font de nobles déclarations lors de cocktails au bord de la piscine, à propos du soutien et du développement de l’industrie agroalimentaire, la réalité est tout autre pour les petits transformateurs du secteur de l’alimentation humaine et animale.

Au Kenya, les taux d’intérêt sont de l’ordre de 24 à 28 %, et les banques commerciales exigent des garanties à hauteur de 110 à 150 %. Non, ce n’est pas une coquille. Cela signifie que si je veux emprunter 100 000 $, je dois laisser une caution qui peut aller jusqu’à 150 000 $ sur un compte de la banque prêteuse, ou des titres de propriété ou d’autres garanties équivalentes à ce montant.

En Éthiopie, d’où j’écris aujourd’hui, la situation est meilleure. La banque de développement agricole financera avec un rapport 70/30, ce qui veut dire que l’investisseur doit apporter 30 % et la banque prêtera 70 %, à un taux d’intérêt d’environ 8 %. Les équipements achetés deviennent la garantie. Cela peut se révéler une bonne nouvelle pour les entreprises existantes ayant une bonne réputation, mais il se peut que ça ne fonctionne pas pour les jeunes entreprises.

Les banques commerciales en Éthiopie doivent soutenir l’industrie de la transformation des produits agricoles. En effet, la richesse de l’Éthiopie, ce sont ses habitants, ses terres fertiles et son approvisionnement en eau abondant. L’Éthiopie est sur la bonne voie pour devenir l’un des greniers de l’Afrique. Mais une étude récente, le compte-rendu sur le secteur bancaire 2011 par Access Capital, une société d’investissement, montre que les prêts pour l’agriculture représentent environ 1,4 % du total des prêts accordés, et les prêts pour le secteur de la fabrication seulement environ 12 % environ du total.

On a vraiment besoin de nouvelles idées dans le domaine de l’accès au financement. Chacun sait que nous devons produire davantage de nourriture, mais un goulet d’étranglement se profile si d’un côté nous utilisons de meilleures graines, des engrais, et que nous améliorons le rendement des cultures, mais que de l’autre les industries agroalimentaires manquent pour transformer ces récoltes en aliments nutritifs pour humains et animaux. Les pertes après récolte, déjà estimées à environ 30 %, augmenteront – ce qui représente davantage de nourriture gaspillée.

N’hésitez pas à me transmettre vos idées de solutions !

Contactez nous
close slider